Le chemin de la pratique commence quand un disciple a la première fois l’expérience de la vraie nature de l’esprit, l’essence illuminative.
Le chemin de la pratique continue jusqu’au moment qui précède celui où un pratiquant diligent atteint le résultat parfait qui est l’illumination complète.
Le chemin est caractérisé par une successive et progressive élimination des taches passagères qui dissimulent l’essence illuminée de l’esprit.
A part le fait que les taches adventices qui dissimulent l’essence pure de l’esprit diminuent et finalement cessent par la pratique, la nature de l’esprit ne change pas pendant qu’un disciple parcourt le chemin. Même s’il semble qu’un changement a lieu pendant la pratique des instructions, les taches adventices qui dissimulent la vraie nature simplement se dissipent.
La vraie nature de l’esprit ne change jamais, même pas légèrement. L’esprit est le même parce qu’il a toujours été et est déjà parfait et pur.
D’après The Ocean of Definitive Meaning of Mountain Dharma by Dolpo Sangye, www.dharmadownload.net
Y-a-t-il un chemin? Même métaphorique? comme tu l’as écrit avec pertinence dans ton intéressant « délire d’automne »: « Avant de partir, on est déja arrivé ». Remarque essentielle, à rapprocher de l’un des chants du « Village des Pruniers » (texte de Thich Nhat Hanh):
« Je suis chez moi, je suis arrivé
Il n’y a qu’ici et maintenant.
Bien solide, vraiment libre,
Je prends refuge en moi-même.
Je suis chez moi, je suis arrivé
Il n’y a qu’ici et maintenant.
Bien solide, vraiment libre,
Dans la terre pure, je m’établis. »
A rapprocher aussi de cette remarque du regretté Alan Watts:
… »si notre quête d’une réalité suprême est si difficile, c’est parce que nous cherchons en des lieux obscurs ce qui éclate au grand jour ». Un exemple de cette recherche en des « lieux obscurs » me parait pouvoir être trouvé dans cette descente à la racine des conditionnements de ton ego si bien décrite dans ton trip d’automne en des termes qui peuvent évoquer le « ça freudien ».
Dans notre monde relatif il y a bien sûr des chemins entre les lieux donc une infinité de chemins.
Dans l’ultime non duel au delà de tout lieu, de tout temps, de tout concept, il n’est aucun chemin car nulle part ou aller : l’ultime n’est ni ici, ni là, ni ici et là, ni ailleurs qu’ici et là mais aussi ici et là, à la fois ici et là et aussi ailleurs qu’ici et là.
(Oui, je fais encore « du Madhyamika ».)
Mais avant de réaliser cet ultime, cette unicité, ce un sans second, il est un chemin, notre chemin erroné, ce chemin métaphorique produit par nos illusions. Et nous retournons dans nos ornières aussi longtemps que nous n’avons pas complètement purifié notre conscience qui n’est pourtant autre que la sagesse ultime mais que nous ne reconnaissons pas.
Héraclite (700 ans environ avant Nagarjuna) fut-il un précurseur du madhyamika?
« Unis sont tout et non tout, convergent et divergent, consonant et dissonant, de toutes choses procède l’un et de l’un toutes choses »
« Bien et mal sont tout un »
« Rien n’est permanent, sauf le changement »
« L’harmonie invisible vaut mieux que celle qui est visible »
« La route qui monte et descend est une et la même »…….
« Le chemin dont on parle n’est pas le chemin ». Alors comment faire ?
Pour moi le chemin consiste à m’asseoir sans chercher à obtenir quoi que ce soit, je fais confiance au Lama et reste ainsi sans affaires particulières autres que suivre les instructions du Lama. Et ce ne sont pas des paroles en l’air.