La base, la voie et le résultat du Mahamoudra sont identiques. Les obstacles, les expériences et limitations sont les voiles à purifier en comprenant qu’en réalité il n’y a pas de voile, pas d’obstacles, pas d’expériences ni de limitations. Tout ceci se manifeste à un esprit qui s’obscurcit lui-même : il est pur depuis le début, il est tout et rien, il est et n’est pas, il est avant toute formulation conceptuelle, avant toute saisie, avant tout contact mais aussi bien au moment de ceux-ci et après ceux-ci. Vraiment rien à dire ni à faire, ni distraction ni fabrication ni conception ni non-conception, pas de ni non plus, rien, seul le lieu de ce rien et son non-lieu aussi.
Le Mahamoudra est inexpressible, indescriptible, il est partout et nulle part, à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur, avant toutes ces dichotomies et complications ; avant tout désir de faire comprendre, de vouloir transmettre.
Ayant perçu cet unique qui est mais qui s’exprime en la multitude de tous les phénomènes, inutile de vouloir s’en séparer, en sortir et y retourner, expliquer, enseigner, comprendre, montrer, faire des analogies etc. Juste rester en Mahamoudra.
Transmission ? Il n’y a rien à transmettre. Cette clarté auto-connaissante de l’esprit est partagée par tous et par tout. Juste y rester, là au centre et au lieu de tout.
Inutile d’expliquer le feu. Il suffit de garder la flamme et ce qui s’en approche s’enflamme automatiquement et devient feu. Parce que ce feu est la nature même de tout et de tous et donc la pseudo-transmission est la révélation du feu déjà existant avant que le temps et l’espace ne se manifestent.
Juste rester là en Mahamoudra et la compatissante flamme révèle le Mahamoudra de tout et de tous. Très simple. Pas la peine d’en faire des fromages. Youppiiee !
Vouloir garder quelque chose limite cette réalisation : vouloir faire, vouloir progresser, vouloir enseigner, tout simplement vouloir. Donc non vouloir.
Cette véritable et immuable nature de l’esprit n’est pas reconnue par l’esprit illusionné, l’esprit dichotomisé, l’esprit conceptuel. Un tel esprit fonctionne dans la dualité moi/autre, sujet/objet.
Il existe plusieurs façons de libérer cet esprit de ses habitudes obscurcies.
La première, la plus directe est de montrer la flamme au-delà de tous les mots, concepts, symboles ou analogies, dans le pur silence de la réalité telle qu’elle a toujours été. Et les voiles s’enflamment ne laissant pas même de scories. La pureté rencontre la pureté, l’espace se dissout dans l’espace, l’eau se mélange à l’eau. EMAHO.
La deuxième est la voie progressive qui implique la foi et la dévotion. L’esprit illusionné doit laisser une place où pourra se manifester la non-illusion ; et pour préparer la place la foi et la dévotion sont indispensables. Cette force, souvent bien faible au début, va permettre d’amorcer le triple processus de l’écoute, de la réflexion et de la méditation.
En premier lieu, l’écoute du Maître permet de commencer à entrevoir la réalité et le chemin qui y accède.
Puis, la réflexion permet de comprendre progressivement ce qu’est la réalité et en quoi consiste le chemin qui y mène à savoir la méditation.
En troisième lieu la méditation permet progressivement de prendre contact avec la nature de son propre esprit.
La répétition de ces trois étapes que sont l’écoute, la réflexion et la méditation permet d’épuiser les doutes, d’approfondir la compréhension et d’accéder à la réalisation de l’ultime nature de l’esprit. Une fois cette réalisation obtenue il faut l’approfondir et la stabiliser. Il n’y a rien d’autre à faire. MERVEILLE !
Aujourd’hui, 30 mars 2004, en ce lieu de Mirik béni par la présence de Bokar Rimpoché qui y enseigne la Nature de Bouddha, le troisième tour des enseignements de l’Eveillé, celui que Kalou Rinpoché a appelé Karma Yonten Puntsok a écrit ce court texte dans le but de clarifier sa compréhension et dans le but ultime de libérer tous les êtres.