Ecuald

Délire d’automne

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C’est comme d’approcher quelque chose d’inapprochable, quelque chose qu’on ne peut pas atteindre. Il y a un mouvement vers, un certain élan qui se suspend, qui s’épuise dans la suspension mais n’en demeure pas moins à l’état potentiel.

La méditation, conduit à de tels mouvements, de tels moments…

En méditant, on rejoue à vide les jeux joués « spontanément » mais qui ne sont que des conditionnements  venant d’on ne sait où. Mais qui, malgré leur origine inconnue, se manifestent à chaque instant, d’autant plus « présents » qu’ils n’apparaissent pas clairement dans notre champ de conscience. Dans notre quotidien, la couche consciente est réduite par tous ces éléments sous-jacents qui se manifestent, qui nous racontent notre vécu, mais qui, en fait, l’obscurcissent et nous le rendent presque étranger. Paradoxale cette conscience captive, en quelque sorte coagulée, qui nous obstrue ce que nous sommes vraiment : infinie liberté de l’infinie conscience.

DEUX
Comment se fait-il que le non-connu soit néanmoins connu puisqu’il faut connaitre l’existence de l’inconnu pour savoir qu’il n’est pas connu.
Donald Rumsfeld a rendu célèbre la tripartition : le connu connu, l’inconnu connu et l’inconnu inconnu.

TROIS
Ce matin j’ai mis mon attention-conscience dans la vision puis je suis « allé » à la racine de cette attention, en amont de la conscience visuelle. J’ai alors présenté un vertige qui a interrompu ce « désinvestissement » de l’attention-conscience au niveau de la vision…

QUATRE
Je lis l’essence du Zen de Harrada Roshi.
D’abord reconnaître son soi. Ce que nous sommes vraiment. Et c’est là que vient le zen. S’il vient du Japon ce n’est pas le zen !
Nous sommes vraiment la voie et le zen. Tous ces mots signifient essentiellement « être familier ou intime avec son vrai soi ».
« si vous marchez avec détermination et certitude sur la voie, il est évident que vous vous éveillerez à vous même ».

CINQ
Avant de partir, on est déjà arrivé.
Bokar Rinpoché nous avait expliqué la différence entre la voie des soutras et la voie des tantras pour le Mahamoudra. Pour arriver au Mahamoudra les soutras nous apprennent à défaire et les tantras à faire.
Je perçois de plus en plus les impulsions qui donnent naissance à ce qui est mon samsara : un phénomène « lumineux » dont l’interprétation conduit à reconnaître quelqu’élément antérieur, silhouette, action, pensée etc.; une pensée qui s’accompagne de mouvements de loung à l’origine de distraction… C’est l’expérience du vajrayana et elle seule qui peut permettre de reconnaître tout cela dans la vie quotidienne.
Il est difficile de comprendre le paragraphe précédent sans qu’on en ait l’expérience. Et aussi ce que j’ai écrit n’est pas très clair.

« Phenomena are not extramental things that exist inherently. They are the ripening of the mind’s propensities. »
« Through the power of the mind’s habitual tendencies, phenomena, which do not truly exist, nevertheless appear; and adventitious deluded thought clings to them as real. »

SIX
Je n’y comprends pas grand chose mais j’aime cette idée que le monde est un simulacre, que les scientifiques en font partie et que toutes leurs élucubrations ne sont que des artéfacts.

Dans les apparences, nous cherchons du sens là où il n’y a rien que des agencements générateurs en amont : des mécanismes plus ou moins autonomes dont l’impulsion inconnue a été donnée dans des circonstances inconnues.
La notion d’algorithmes auto-modifiables ajoute du piment à mon délire.

SEPT
Et sans le faire exprès, dans sa pensée, il avait traversé une ligne qui allait lui apporter des désagréments pouvant aller jusqu’à la destruction par maladie de son corps physique et bien d’autres choses encore.
Ce qui le troublait était qu’il n’y avait aucune signalisation, aucun moyen de s’apercevoir de ce franchissement. Mais peut-être lui serait-il possible de retourner sur ses pas ou d’acquérir une antidote de la même manière ? Il ne lui restait donc que la possibilité de continuer ses explorations au-delà de la pensée, là ou se manifestaient des « forces » innommées, inconnaissables, impalpables mais néanmoins agissantes en amont de toute imagination.